Le locus of control

Le locus of control est appelé la théorie de l’attributionalité en psychologie sociale. Théorisé par Rotter en 1966, on peut le traduire par « locus de contrôle » ou « lieu de contrôle ». Le locus of control détermine où l’individu situe la cause de ses performances ainsi que de l’enchaînement des évènements de sa vie. Le locus of control a un impact très important sur les choix de vie, la motivation et le bien-être.

Le locus of control peut être : 
– interne : c’est à dire que l’individu perçoit la performance ou l’événement comme dépendant entièrement de lui-même : la responsabilité de l’échec ou de la réussite n’incombe qu’à lui. C’est la cas, par exemple, lorsqu’il attribue sa réussite aux examens au fait qu’il a travaillé et appris ses cours. 
– ou externe : c’est à dire que l’individu perçoit la performance comme échappant totalement à son contrôle. Une personne fait une attribution externe, par exemple, lorsqu’elle attribue la réussite de ses examens à la facilité de l’épreuve ou à l’indulgence du correcteur. La responsabilité de l’échec ou de la réussite dépend de circonstances extérieures incontrôlables pour l’individu.

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M. Houx, « Approche de L’adolescent, vie scolaire et gestion des groupes », Presse Universitaire de Mons 2002-2003

Qu’est-ce qui détermine le locus of control?

Notez que le locus of control concerne simplement la perception subjective, de la part de l’individu, de la source de responsabilité. Une personne pourra très bien avoir un locus of control externe malgré le fait qu’elle soit responsable de l’événement et inversement. Dans les faits, le locus of control est bien plus souvent déterminé par la personne qui vit l’événement, son état d’esprit et sa personnalité, que par la réalité objective, ce qui se passe dans les faits.

locus of control

Le locus of control est en effet une composante stable qui fait partie de la personnalité. On observe dans la population des individus plutôt internes et d’autres plutôt externes. On pourra donc rencontrer des personnes qui s’attribuent constamment la responsabilité de ce qui leur arrive dans la vie, et d’autres qui se sentent plutôt spectateurs des évènements qu’ils vivent. Et cela joue sur leur moral et leur motivation. En effet, si j’ai une faible moyenne en maths et que je risque de redoubler si elle ne remonte pas, ma motivation sera différente que j’aie un LOC interne ou externe pour expliquer ma faible performance dans cette matière. Avec un LOC interne, je me dis qu’en travaillant, je peux réussir à augmenter ma moyenne et ainsi réussir à passer dans la classe suivante. Avec un LOC externe au contraire, je me dis que ce n’est pas la peine de me mettre à bosser car ça ne changera rien à ma note.

Notez que la tendance individuelle à avoir un LOC interne ou externe varie en fonction du niveau de performance atteint. Bien souvent, on pourra rencontrer des personnes totalement injustes envers elles-mêmes, qui s’attribueront systématiquement la responsabilité des évènements négatifs qu’ils vivent, et qui croiront que les évènements positifs sont simplement dus à un concours de circonstances. D’autres fois, on rencontrera au contraire des individus qui s’attribueront systématiquement la responsabilité de leurs succès, et qui rejetteront la responsabilité de leurs échecs sur les autres ou les attribueront aux mauvaises circonstances. C’est ce qui se passe quand les joueurs de foot attribuent leur défaite à la pluie qui rendait la pelouse glissante. On voit dès lors que le locus of control est très lié au narcissisme, à l’estime de soi, c’est à dire à la valeur que l’on s’attribue.

Quels sont ses effets ?

Le locus of control influe sur l’état d’esprit, les valeurs et le moral des individus. Dans une expérience réalisée par des chercheurs sadiques (si si vous allez voir), des rats étaient placés chacun dans une boîte comportant deux compartiments. A plusieurs reprises, la boîte émettait un son, suivi quelques secondes plus tard d’un choc électrique douloureux. Pour la moitié des rats, il suffisait de changer de compartiment après avoir entendu le son pour éviter le choc. Pour l’autre moitié, quoi qu’ils fassent, ils avaient une chance sur deux de subir le choc électrique. Les chercheurs sadiques (vous savez pourquoi maintenant) ont observé que le premier groupe apprenait très vite à éviter les chocs, et que leur comportement habituel n’était pas altéré par l’expérience. Pour le second groupe en revanche, les chercheurs ont commencé à observer après quelques essais une intense poussée de stress dès que le son retentissait. Après plusieurs dizaines d’essais, les rats du second groupe avaient une attitude générale dépressive. Ils ne réagissaient même plus au son et restaient prostrés. Ils subissaient les évènements avec fatalité.

En attendant que l’on fasse subir la même chose à ces chercheurs, on peut déduire que le fait de ne pas pouvoir contrôler l’apparition d’évènements négatifs conduit à la démotivation, à la résignation et à la dépression. Au contraire, s’attribuer personnellement l’apparition d’évènements positifs conduit à une meilleure estime de soi, un meilleur moral et une plus grande motivation. Vous saurez ainsi que les personnes qui rejettent la responsabilité de leurs échecs sur les autres ne sont pas forcément des ingrats irrécupérables qui éprouvent plaisir à nuire, mais bien souvent des personnes à l’estime de soi fragile qui cherchent à se préserver.