Une distorsion cognitive est une interprétation personnelle et fausse de la réalité qui résulte d’une erreur dans le traitement mental de l’information.
Notre cerveau est performant, mais il ne peut pas être comparé à un ordinateur. Ce n’est pas un microprocesseur, un calculateur précis et objectif. Il est limité et carrément subjectif. Il est soumis à des biais, qui ne sont pas de simples erreurs de calcul, mais de véritables systèmes de pensée organisés, souvent utiles, mais qui se révèlent inefficaces, voire dangereux, dans certaines situations.L’étude des distorsions cognitives fait l’objet de nombreux travaux en psychologie cognitive depuis les recherches de Beck, dans les années 60. La science est loin d’avoir épuisé ce domaine de recherche, mais nous avons une idée relativement précise de leur fonctionnement psychologique : les biais cognitifs apparaissent pour conformer nos raisonnements à nos valeurs et à nos émotions du moment.
La multitude de ces distorsions cognitives, leur caractère inconscient et leur manque d’objectivité rend leur étude importante dans les domaines scientifique, mais également judiciaire, publicitaire, économique, médical, etc. Par exemple, dans le domaine de la Justice, il faut garder à l’esprit qu’un témoignage est subjectif, et qu’il ne reflète pas forcément la réalité. La publicité exploite souvent les failles de notre cerveau, pour nous vendre les produits qu’elles vantent en faisant appel à nos croyances irrationnelles. Examinons tout cela en détail. Parmi les principales distorsions, Beck cite :
– L’inférence arbitraire :
Elle consiste à tirer des conclusions sans preuve. Par exemple, « Félix ne m’a pas dit bonjour aujourd’hui : il me déteste. » Avec un peu plus d’investigations, peut-être aurait-on remarqué que Félix avait la tête ailleurs parce qu’il avait perdu son chat.
– L’abstraction sélective :
Elle consiste à se focaliser sur un seul détail, et à faire abstraction de la situation globale. Par exemple, vous allez acheter le nouveau Cillit Bang (sisi, vous savez : « Dites adieu à la saleté. ») parce qu’il est deux en un et multi surfaces, alors il permet de remplacer plusieurs produits à lui tout seul. Mais peut-être qu’en réfléchissant un peu plus, vous remarquerez qu’un flacon de Cillit Bang coûte plus cher que la somme des produits qu’il remplace. Un autre exemple ? Lors de votre entretien annuel d’évaluation au boulot, votre chef vous félicite pour votre travail, pour votre assiduité, pour votre ponctualité, pour votre minutie, pour votre esprit d’initiative, pour votre autonomie, pour votre esprit d’équipe, etc. Et au milieu de tout ça, votre chef glisse un petit « peut mieux faire » à propos de votre capacité à défendre un dossier. Et bien l’abstraction sélective vous donnera l’impression que l’entretien n’était qu’un tas de reproches et qu’on ne respecte pas votre travail.
– La surgénéralisation :
Elle consiste à étendre à toutes les situations possibles une expérience isolée. Par exemple, un samedi où vous voulez vous balader en forêt et que le temps n’est pas favorable : « Tous les week-ends il pleut. »
– La maximalisation et la minimalisation :
Elles consistent à attribuer une plus grande valeur à certains évènements, et à en minimiser d’autres. Par exemple, vous considérez que vous êtes mauvais en sport parce que vous surestimez votre incapacité à jouer au foot (ben oui, les pieds sont trop loin de la tête) et vous sous-estimez la valeur de vos excellentes performances en rollers. Tout ça parce que pour vous, le foot est plus un sport que le bowling.
– La personnalisation :
Elle consiste à surestimer son rôle dans les évènements. Classiquement, c’est le cas de ceux qui s’attribuent la réussite d’un projet qui était pourtant réalisé collectivement, ou des supporters de l’OM, ou du PSG après un soir de match : ON a gagné. Ce à quoi on pourrait répondre : « Ah oui et c’était pas trop difficile de courir sur le terrain avec ton écharpe bariolée, ta kro et ton paquet de chips ? »
– La pensée dichotomique :
C’est un « tout ou rien ». L’individu n’envisage pas les positions intermédiaires. Par exemple, « ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi. » Ou alors, si vous n’avez pas réalisé totalement vos objectifs, vous considérez que vous avez échoué. Mais pensez-y sérieusement : vous avez vraiment l’impression que vous n’avez pas avancé du tout ?