La pédagogie Freinet : une méthode d’éducation bienveillante

La méthode Freinet est une pédagogie alternative qui fut établie au début du 20e siècle par Célestin Freinet. Cette méthode d’enseignement fait en sorte que les élèves soient les acteurs principaux de leurs apprentissages et de leurs réalisations. Ainsi, elle les incite à chercher, à créer et surtout à apprendre par eux-mêmes. Mais également à se tromper pour mieux recommencer et réussir, tout en étant encouragé.

La pédagogie Freinet fait partie des méthodes d’éducation bienveillante, reconnue par l’Éducation nationale.

Cet article vous présente les principes fondamentaux de cette méthode d’enseignement, encore utilisée de nos jours.

Les principes de la méthode Freinet en quelques étapes

  • L’expérimentation

pedagogie-freinetLa méthode Freinet incite l’élève à apprendre en expérimentant, contrairement aux méthodes classiques qui consistent à reproduire ce que fait l’instituteur, même sans avoir forcément compris la teneur de la leçon.

L’élève, en expérimentant, découvre par lui-même les causes et conséquences de ses actions et émet donc des hypothèses pour arriver à ses fins.

Il apprend ainsi un certain savoir-faire et des connaissances de manière « autonome ».

Les réussites à ses expérimentations vont lui donner confiance en lui pour recommencer l’expérience dans le même domaine ou un domaine différent. Quant à l’échec, cela l’obligera à réfléchir aux causes de celui-ci et à trouver des solutions pour y remédier.

Avec les méthodes d’apprentissage classiques, l’élève est tenu d’apprendre ses leçons « par coeur » et de les retenir de cette façon-là. À l’inverse, la méthode Freinet permet aux enfants de retenir les informations nécessaires justement en expérimentant. Cette méthode se révèle donc être plus facile pour l’enfant, et ne lui demande pas d’effort particulier.

  • L’autonomie favorisée

Cette méthode travaille à ce que les enfants deviennent plus rapidement autonomes. Pour cela, l’instituteur prépare du travail que l’élève pourra corriger lui-même après les avoir faits.

Chercher son erreur et la comprendre instruit davantage que de lire une correction déjà faite et pas forcément argumentée.

Il s’assure au préalable de préparer un travail en adéquation avec les connaissances de l’enfant, pour que celui-ci puisse le réaliser seul et sans dépendre entièrement de son professeur.

Cette prise d’autonomie va permettre à l’enfant de prendre confiance en lui et de voir que son instituteur également lui fait confiance; ainsi, il va se sentir capable de réaliser le travail. Il va donc rapidement s’apercevoir qu’il possède les connaissances nécessaires pour la réalisation de l’exercice, il va vouloir et enfin pouvoir le faire.

  • La coopération entre les élèves

Lors de travail en groupe, ce sont les élèves qui choisissent leurs camarades même si l’instituteur peut faire quelques modifications afin que le niveau du groupe soit homogène.

Les élèves ayant le plein droit de s’exprimer librement peuvent le faire sans contraintes, et ce, à tour de rôle. L’individualité est ainsi favorisée, tout comme la coopération, grâce au travail en équipe. Sous cette forme de travail, les élèves peuvent s’exprimer et se doivent donc ensuite d’écouter avec attention les autres élèves.

Toutes les idées sont ainsi écoutées puis rassemblées et le tri ou les décisions afin de finaliser le travail sont faits de manière collective; les enfants sont ainsi tous au même niveau.

  • La place du professeur au sein du groupe classe

Contrairement aux méthodes classiques où l’autorité de l’instituteur ainsi que sa position supérieure par rapport à l’enfant fait partie du contexte habituel, ici l’instituteur n’hésitera pas à partager certaines de ses tâches avec l’élève afin de le responsabiliser.

En agissant ainsi, l’instituteur se met au même niveau que ses élèves. Ces derniers n’ayant plus l’impression que des « ordres » et des obligations lui sont transmis collaboreront plus facilement et apprendront sans avoir l’impression d' »obéir ».

D’ailleurs, c’est pour cette raison que les règles de vie collectives de la classe sont issues d’un échange instituteur/élèves et la décision de chaque règle est prise de manière collective par l’ensemble de la classe.

Si l’un des élèves manque à l’application d’une des règles, la classe se réunit et décide ensemble de la sanction à appliquer. Ces derniers se doivent de respecter eux-mêmes quelques principes de base comme l’interdiction de la violence ou maltraitance, évidemment.

C’est ainsi que les relations intra-classe sont gérées par les enfants eux-mêmes.

  • La possibilité de s’exprimer librement

Avec la méthode Freinet, les élèves choisissent eux-mêmes le sujet de leurs exposés. Ainsi, pouvoir traiter un sujet qui les intéresse particulièrement les encourage à travailler, à développer un thème choisi et à exprimer les émotions ressenties à travers le sujet plus facilement.

Les enfants sont donc libres de traiter le sujet de leur choix tant en arts plastiques, qu’en rédaction (français), ou pour un exposé d’une quelconque matière.

L’instituteur tend à valoriser les aspects positifs et les progrès de l’élève plutôt que de pointer du doigt les erreurs et les côtés négatifs de son travail.

Chaque élève est suivi individuellement. Cela permet à l’instituteur de proposer du travail personnalisé selon la progression de chacun, soit en travail personnel soit en travail de groupe de niveau homogène.

  • L’espace aménagé pour favoriser la convivialité

La méthode Freinet a pour principe d’aménager la classe de manière bien spécifique .

A chaque espace, sa fonction.

Généralement, la surface est découpée en 4 espaces distincts:

  • Espace dédié aux travaux de groupe avec matériel spécifique pour les différentes activités
  • Espace avec bureaux qui permet aux élèves de se retrouver en face les uns des autres. Ce qui favorise la communication entre eux
  • Espace dédié à la recherche d’informations et de documents grâce à un mobilier adapté et des ordinateurs
  • La bibliothèque avec des livres de tout genre

Cette dernière, mais également les autres espaces doivent être aménagés afin de favoriser la convivialité et le plaisir, ce qui motivera les enfants à aller à l’école et à apprendre.

La méthode Freinet toujours d’actualité

La méthode Freinet est reconnue par l’Éducation nationale depuis plusieurs années maintenant et un agrément a été créé pour officialiser cette pédagogie alternative.

Historique:

  • 1947 – Création de l’ICEM, l’Institut coopératif de l’École moderne (par Célestin Freinet lui-même)
  • 1957 – Création de la FINEM, la Fédération internationale des mouvements de l’École moderne
  • 1968 – Adoption de la « Charte de l’École moderne » (référence toujours d’actualité pour l’ICEM)

De nos jours, l’Éducation nationale compte entre 3500 et 5000 adhérents et chaque année, de nouveaux enseignants rejoignent ce mouvement pour faire perdurer cette méthode éducative malgré un contexte de plus en plus compliqué.

Une formation spécifique est dispensée aux futurs enseignants qui le souhaitent, à l’Institut universitaire de formation des Maîtres.

Même si cette méthode est dispensée de nos jours de partout dans le monde, et qu’environ 1000 écoles emploient des enseignants qui l’appliquent dans leur classe, on retrouve seulement 20 écoles « 100% Freinet » aujourd’hui en France.